Seconde vie des batteries : un enjeu stratégique pour l’Europe

Avec l’essor des véhicules électriques, de la petite mobilité et des appareils électroniques, les batteries sont devenues des éléments clés de notre quotidien. Cependant, leur production nécessite l’extraction de métaux critiques, parfois dans des conditions écologiquement et socialement discutables. Parallèlement, pour l’Europe, les besoins en batteries posent le problème de l’approvisionnement en métaux critiques. Aujourd’hui, leur réutilisation représente une stratégie essentielle face aux enjeux de souveraineté, de durabilité et de compétitivité économique.

Un enjeu de souveraineté

L’Europe dépend largement de pays tiers pour l’approvisionnement en métaux, comme le lithium, le cobalt ou le nickel. Cette dépendance expose le continent à des fluctuations de prix, des tensions géopolitiques et des ruptures de chaîne d’approvisionnement. Donner une seconde vie aux batteries permet de limiter cette vulnérabilité énergétique. Cette démarche alimente l’objectif d’autonomie européenne en matières premières, renforcé par des initiatives comme l’Alliance européenne pour les batteries. Cette stratégie vise à fonder un écosystème cohérent et durable.

Les batteries utilisées représentent un véritable gisement qui peut être valorisé localement. En Europe, les réutiliser et les recycler permet de maintenir des ressources précieuses à l’intérieur de nos frontières. Cette seconde vie constitue aussi un levier pour stimuler l’économie circulaire et créer des emplois dans les secteurs du tri, du reconditionnement et du recyclage. Dans l’Hexagone, le recyclage des batteries est largement encouragé dans le cadre du programme France 2030. La stratégie nationale sur les batteries a, en effet, pour objectif d’atteindre des taux de récupération de 80 % en 2031 pour le lithium et 95 % pour le cobalt, le plomb, le cuivre et le nickel.

Un enjeu de durabilité

Produire moins de batteries, c’est extraire moins de métaux critiques (Cu, Li, Co, Mn, Ni, Fe, Al, Au). Or, l’extraction de ces matières premières indispensables à la fabrication des batteries pose des problèmes environnementaux. Les carrières, d’où sont issus les matériaux, occasionnent des dégâts parfois irréversibles sur les écosystèmes. L’extraction nécessite de l’eau, ressource précieuse, tandis que le transport depuis les pays d’origine vers l’Europe affecte lourdement le bilan carbone de la production des batteries. En réutilisant les batteries existantes, il devient possible de réduire ces impacts tout en prolongeant la durée de vie des ressources déjà extraites.

Le nouveau règlement européen sur les batteries et les déchets de batteries

Devant l’urgence à atteindre la neutralité climatique, la mobilité verte et le développement des énergies propres s’imposent. Fort de ce constat, le Parlement européen a adopté, le 12 juillet 2023, un nouveau règlement sur les batteries. Il impose des exigences en matière de durabilité, de sécurité, d’étiquetage et de traçabilité, et intègre des procédures de conformité obligatoires. L’objectif est de sécuriser le marché, mais aussi de rendre les batteries plus durables sur l’ensemble de leur cycle de vie. L’accent est mis sur l‘écoconception, la réparabilité et l’approvisionnement éthique des matières premières. La notion de seconde vie pour les batteries est explicitement mentionnée, offrant ainsi un statut protecteur aux acteurs de la filière et des contraintes plus élevées en matière de recyclage. Le passeport de batterie, prévu pour 2027, améliorera leur traçabilité via un QR code, facilitant le suivi des batteries reconditionnées.

Le marché de la réaffectation se structure

L’émergence de nouveaux acteurs

Spécialisée dans le reconditionnement des batteries lithium-ion, Re-lion Factory est une entreprise dont l’objectif est de prolonger la durée de vie des batteries issues de la mobilité électrique. Son défi ? S’assurer que le traitement de ces batteries usagées réduit leur impact environnemental. Un partenariat entre Screlec-Batribox et Re-lion Factory a été signé en 2024 avec pour ambition de favoriser la réponse aux enjeux de l’économie circulaire. Re-lion Factory peut ainsi bénéficier, grâce à Screlec, d’un approvisionnement régulier en batterie dont la traçabilité est garantie. Cette collaboration permet aux deux organismes d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés pour offrir une seconde vie aux batteries.

En 2024, Screlec-Batribox et l’entreprise Volt-R ont signé un partenariat prometteur pour la filière de l’économie circulaire. Chaque mois, Volt-R assure le traitement de 1 t de batteries issues de l’industrie automobile, de la micro-mobilité, du stockage stationnaire et des applications portables électroniques. Son objectif est de privilégier au maximum la seconde vie. L’entreprise, qui annonce actuellement un taux de rebut actuel de 20 à 25 %, travaille en recherche et développement pour améliorer les perspectives de réemploi des batteries.

Des adhérents Screlec de plus en plus vertueux

Chez Screlec, les adhérents s’engagent activement dans la collecte et la valorisation des batteries usagées. Grâce à des initiatives pionnières, ils participent à réduire l’empreinte écologique des batteries. Ces efforts traduisent la capacité des entreprises à se mobiliser pour répondre aux défis environnementaux actuels, tout en capitalisant sur des opportunités économiques.